L’enregistrement
de ma valise s’était passé comme une fleur à 6h et demi du mat’. Le taxi
commandé la veille (plus de place sur mon i-phone pour Uber !) n’avait mis
que 25 minutes pour me déposer à Orly-Sud et j’étais donc arrivée avec 3h30
d’avance… au lieu des 3 heures recommandées ! Suis un peu stressos dans les aéroports, donc
j’évite de courir avec une valise de 15 tonnes pour arriver trempée au comptoir
d’enregistrement, à 2 minutes de l’embarquement. On se refait pas.
Après
le passage un peu tumultueux de quelques familles devant moi, je confiais ma
valise toute neuve, même pas encore customisée, pour la soute. Je ne sais pas
si c’est parce que j’étais la première à enregistrer, mais je me suis retrouvée
en queue d’avion, tout au fond à la place 47B... Après moi, le strapontin de
l’hôtesse ! Et au-dessus de mon siège, pas même un casier de libre, les
bouteilles d’oxygène ayant la priorité sur mon bagage-cabine.
Le
vol n’était pas surchargé, de nombreuses places étaient libres et notamment,
celle à côté de moi. Le temps de regarder donc, confortablement deux films, de
m’assoupir entre chaque, le vol se passait DIVINEMENT
bien.
J’avais
décidé avant de partir que ce serait un voyage sans encombre. Pas de stress ni
de pensées négatives ne viendraient me polluer l’esprit. Aucune raison pour que
ça se passe mal. Oublié le « traumatisme », la peur ressentie lors du
vol New-York / Paris, il y a un an et demi, lorsqu’une femme avait crié
« Au Secours » en pleine nuit, dans l’avion silencieux, sans raison
apparente et sans que je sache finalement pourquoi ! Quelle frayeur cette
nuit-là. Après être passée par des douanes américaines compliquées et dans un
climat parisien extrêmement tendu, en pleine période d’attentats, je n’avais
pas besoin de cette folle pour mettre une touche finale à ma peur de l’avion.
J’ai donc pris sur moi et mis quelques temps à m’en remettre.
Le
deal passé entre moi et moi était donc clair : je laissais les clés de mes
vacances de rêves à mon insouciance et à ma légèreté pour partir l’esprit
libre, laissant mes doutes et mes craintes injustifiées à Paris. Aucun grain de
sable, aucune pensée négative ne viendrait perturber ces vacances tant
attendues. Il suffisait juste de s’en convaincre et de visualiser uniquement le
positif. C’est en gros ce que je me disais dans l’avion et pour l’instant, ça
marchait pas mal.
Mon
but premier, en partant était de lâcher prise et de suivre, notamment, les
conseils de mon kiné pour me détendre. Laisser tomber les tensions dans les
cervicales, dans le bas du dos, et surtout, laisser tomber la plus petite
éventualité d’un problème, d’un grain de sable dans l’engrenage ; aucun
point négatif ne serait de mon ressort et ne viendrait contrecarrer ma belle
initiative, mon programme qui se résumait à :
- Dormir,
- NAGER,
- M’enduire
de crème solaire et mettre tous mes maillots de bains quasi neufs, jamais
portés,
- Manger,
- Bouquiner
sous les palmiers.
N’envisager
que le meilleur, et ceci pour tout dorénavant, aussi bien à Paris en rentrant que
sous le soleil de la République Dominicaine ; visualiser mes futurs
projets, mon chemin, sous un ciel bleu profond, lumineux mais plein d’aventures
comme la route de briques jaunes de Dorothy.
Parce
que gérer un avenir ou un « destin », (rien que ça !) c’est pas
tous les jours facile. Le Pouvoir de l’Intention, c’est bien joli dans les
bouquins de développement personnel, mais il faut aussi se concentrer tous les
jours, bosser les éventualités, peaufiner les détails, caler les rendez-vous,
laisser une porte ouverte au hasard, et surtout… SOURIRE.
Et
quand on part seule en vacances, sourire c’est important.
Sourire,
lorsqu’on voit la tête des gens qui descendent du même avion et qui sans doute,
se dirigent vers le même hôtel ! Ne pas juger, ne rien supposer, juste se
laisser guider… jusqu’au très joli hôtel Playa
Esmeralda, hôtel d’une quarantaine de chambres, à taille humaine avec sa
petite plage semi-privée, ses transats à dispo sous les palmiers (j’insiste sur
les palmiers car j’adore ça) et son filet de Beach-volley n’attendant que
moi !
Encore
plus mignon que sur les photos, cet endroit ! Je sens que je vais me plaire.
Voilà
la première jolie surprise… ça marche de PENSER POSITIF.
Moi
qui étais censée être en chambre standard, me voilà en « supérieure » avec
lit King-Size et vue sur la piscine, suscitant la suspicion et la jalousie chez
« mes » vacanciers français descendus du même avion que moi, qui eux,
doivent gérer des problèmes de tuyauterie et de pare-douche branlant. J’adore
ces gens qui trouvent l’hôtel médiocre à peine arrivés dans le hall, puis, qui
se plaignent du manque de variétés des buffets et vous demandent, au bout de 5
minutes de conversation, doucement sur le ton de la confidence : « et
vous, vous l’avez payé combien votre séjour ? »
La
classe et les bonnes manières ne partent pas toujours en vacances, elles !
Elles se perdent dans les profondeurs de quelque continent encore non exploré.
Bref,
je leur dit que je suis venue me reposer et profiter de la plage, (genre, je
travaille comme une dingue toute l’année !!) que l’important pour moi est
de ne pas me retrouver dans un complexe de 500 chambres avec des piscines à
tous les ronds-points et comme je ne suis ni critique gastronomique ni testeur
d’hôtel, je vais de ce pas me diriger tranquillement vers la plage, vêtue de
mon plus beau PARÉO que j’ai cousu moi-même avant de
partir, pour me couler doucement sur un transat… Et tout ça, avec mon plus beau
sourire, naturellement.
Il
faut sourire, pour avoir le plaisir, d’une part, de discuter avec des personnes
qu’on n’aurait sans doute pas croisées ou abordées dans d’autres circonstances
et d’autre part parce qu’on est quand même dans un cadre idyllique, en maillot
de bain, au beau milieu de l’hiver alors qu’il fait -2 à Paris !
Le
jeu est ensuite de savoir débusquer et d’éviter l’emmerdeur, comme Jacky et son
i-phone.
Jacky,
banlieusard de 28 ans, et sa copine sont arrivés par le même avion que moi et
dès la navette qui nous menait à l’hôtel, mettait les choses au clair avec sa
copine : c’était lui l’homme et il faisait ce qu’il voulait ! Et
comme on était sept dans la navette, on ne pouvait pas faire autrement que de
prendre une leçon. J’avais un peu l’impression de suivre une conversation trop
forte dans le métro ! Mais, ce que je ne savais pas encore c’est qu’il
entendait par là, faire participer ses potes de banlieue à son séjour en FACE-TIME, juste pour dire « Hamdoulah,
il fait chaud ! ». Dès le petit-déj, Jacky troquait sa meuf contre
son i-phone et mangeait avec ses potes, se mettait de la crème avec ses potes,
allait se baigner avec ses potes en faisant un
peu participer toute la plage… C’est chouette les vrais potes qui vous
suivent en vacances malgré 5 heures de décalage-horaire !
Le
dragueur aussi, est à éviter, sinon, dissuader. Faire passer tout de suite le bon
message et refuser d’un sourire poli, les verres offerts par le retraité
italien, qui sèche depuis deux mois sur la plage et qui, dirait-on, n’attendait
que moi, s’amusant à cacher ma crème solaire, dire qu’on préfère plutôt aller
nager à ce touriste allemand au regard un peu fou, chauve et tatoué de
deux énormes flingues sur le bas-ventre, ou encore, dîner tard, tard et encore
tard pour ne pas croiser le vieux PDG Tchèque, toute bedaine avançant, collant
comme un sparadrap sur le doigt du Capitaine Haddock et qui gâchera quand même
mon dernier petit déj. en s’invitant à ma table alors que j’avais prévu de me faire
une orgie de pancakes au sirop d’érable (tellement typiques du coin) pour fêter
mon départ. Au lieu de ça, j’ai dû rester raisonnable et me contenter de 2
malheureux mini-croissants accompagnés d’une salade d’ananas !
Pas
toujours simple, il y a des pièges et toutes sortes d’individus qui pimentent
le séjour.
Comme
Floriane et ses Bretons. Une trentenaire toute frêle, accompagnée de son mec et
d’un pote en phase terminale de divorce, qui après avoir avalé 4 MOJITOS au soleil et perdu au tarot
contre ses copains, est venue s’installer sur ma chaise longue pour s’enquérir
de mon âge et de l’étrange raison pour laquelle j’étais là, toute seule en
vacances ? En 7 minutes chrono, j’ai su qu’elle travaillait dans un
laboratoire breton, spécialisé dans la préparation de compléments alimentaires
« made in France, mais importés de Chine », que son patron ne les
autorisait plus, ses collègues et elle à prendre des congés comme ils voulaient
et qu’on lui avait proposé une place dans un bureau plutôt qu’au labo, mais
même si c’était mieux payé, elle s’embêtait sans ses collègues alors elle avait
préféré refuser et que pourtant avec la maison qu’ils achetaient, son mec et
elle, c’était dur d’être juste au-dessus du Smic et qu’ils avaient décidé, que dès
demain, ils iraient visiter Saint-Domingue, faire aussi l’excursion en cata pour
voir les baleines et boire des cocktails !!!
Mais,
grand bien vous fasse ! Aurais-je pu lui répondre si elle m’avait laissé
le temps d’en placer une et si elle ne s’était pas levée d’un coup, me faisant
sursauter, pour regagner sa place à la vitesse de la téléportation.
Du
coup, je suis retournée nager, mais pas trop prêt de Jacky et de son i-phone.
J’ai
finalement passé une excellente semaine au soleil, comme prévu, à me remettre
du décalage-horaire tout d’abord, puis à lire, nager, admirer les palmiers en
souriant (toujours) bêtement, à déguster des langoustes grillées sur la plage
avec un couple de retraités bretons qui faisaient le tour du monde (mais en
évitant l’Afrique parce qu’ils n’aimaient pas trop ces gens-là !), à jouer
au beach-volley tous les matins avec Carlos et Tobias, un dominicain rasta et un
jeune touriste allemand fort mignon, fan de Manchester United, à boire des
cocktails et à rencontrer plein d’autres gens charmants, venus se détendre et
apprécier simplement leur chance d’être là et le cadre tel qu’il était.
Malgré
mon stress et ma fâcheuse habitude à m’en faire sans aucune raison, je me
serais bien imaginée voyager autrement que dans ces « couloirs »
prévus à cet effet, partir comme dans les années 20, telle une héroïne d’Agatha
Christie à la recherche d’aventures exaltantes, traverser des déserts
interminables, des contrées dangereuses à dos d’éléphant, me perdre d’une
destination à l’autre, en montgolfière ou en pirogue, vivre une aventure, plus
qu’une destination, et prendre le temps du voyage pour atterrir par le plus
grand des hasards sur la plage de Juan
Dolio, en République Dominicaine.