Quand j’essaye une robe à paillettes, je tente de calmer la tempête qui se déchaîne sous mon crâne, je fais taire toutes ces questions qui se soulèvent sur la nécessité de cet achat :
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Est-ce
bien raisonnable ? Allez, vu le prix, ça vaut pas le coup de s’en priver...
mouais, mais, j’ai davantage besoin d’une nouvelle sauteuse, d’une vraie
cafetière ou d’un robot de ménagère. OK, c’est moins sexy.
-
Et
pour quelle occasion ? Au bureau ? Naaaaaaaan !!!! Elle va rester dans
l’armoire. Tu te laisses influencer par toute cette frénésie d’achat, de
consommation, tous ces -50, -70% te tournent la tête !
-
Enfin,
t’as l’air de quoi, là-dedans ?
LA MOUE.
Quand une robe à
paillettes me va, quand finalement, je me sens bien dedans, alors oui, je
l’achète, je cède au superflu. Pour le moral et pour récompenser toutes ces
semaines de courgettes-haricots verts, même si j’adore ça.
Je me dis un jour,
si l’occasion se présente, hop ! Je sors, ma robe à paillettes. Parfaite pour
un mariage ou justement pour le prochain Réveillon du Nouvel An.
Il y a de grandes
chances qu’elle reste dans le placard, OK. C’est pas grave, je sais qu’elle est
là, c’est psychologique.
Quand j’achète une
robe à paillettes, j’oublie, c’est une bouffée d’air. Ça ressemble à un
sourire, à une vieille pub Hollywood-chewing-gum. Je ne me torture plus à
l’idée que :
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Jamais
je n’écrirai de bouquin,
-
Jamais
je ne battrais le record de Loïc Peyron,
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Jamais
je ne vivrai dans un château en Ecosse, et que sans doute, je vais devoir
passer encoooooore quelques années sous ma mezzanine,
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Jamais,
je ne montrais ma petite agence de com’ ou de je ne sais quoi, (pourtant je
réfléchis, je réfléchis) et que je devrais m’estimer heureuse d’avoir un boulot
à l’heure qu’il est.
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Que
je ne suis pas LE GRAND SAGE que je pensais être ou devenir à mon âge, et que «
toute ta vie, la vie, tu apprends »
-
Que
cette famille, finalement, faut pas la vivre comme un boulet à la cheville,
mais comme un ballon qui s’échappe et qu’on lâche enfin.
Quand je n’achète
pas de robe à paillettes,
-
J’envisage,
je souris à l’idée d’un week-end au Bois-Plage aux premiers beaux jours,
respirant les embruns, profitant des jolies ruelles parsemées de roses
trémières et des pistes cyclables pour faire un footing, même si j’ai entamé
depuis plus d’un mois une grève du sport... une grève dure du sport.
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Je
me rappelle avec plaisir ces moments entre copines, autour d’une bière, 2
bières,... bon, de quelques bières au café de la Paix, qui n’a pas changé
depuis les années lycée.
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Je
mords dans les tartines délicieusement grillées du dimanche matin en écoutant
la radio ET Le Lapin. Ses inquiétudes pour trouver le cadeau de Saint-Valentin
à sa copine de 9 ans 1/2.
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Je
répète en pouffant les expressions de monsieurlexmari.
-
Je
note dans mon carnet les émissions à podcaster, les expos à ne pas louper, les
musiques de pub à retrouver, les horaires du ciné, les mots désuets et les
citations préférées.
Ma vie comme une
robe à paillettes, comme une humeur qui se colle à la couleur du jour, bouge
comme une envie, sensible à l’impression du moment, qui reste dans un coin de
la tête, presque rafraîchissante, pleine de surprises finalement.
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